Sympetrum fonscolombei (Boyer de Fonscolombe in de Selys Longchamps, 1840)


de Selys Longchamps E. 1840 - Enumération des Libellulidées de Belgique. - Bull. Ac. r. Bruxelles, Sér. 1 (7) : 31-43. - [Source à vérifier]

Libellula vulgata Vander Linden, 1825 (nec Linnaeus, 1758)
Libellula basalis Stephens, 1829 (nomen nudum)
Sympetrum basalis Newman, 1833
Libellula flaveola Boyer de Fonscolombe, 1837 (nec Linnaeus, 1758)
Libellula fonscolombii Boyer de Fonscolombe in de Selys Longchamps, 1840
Libellula erythroneura Schneider, 1845
Sympetrum rhaeticum Buchecker, 1876
Sympetrum azorensis Gardner, 1959
Taxonymes supplémentaires : Libellula veronensis, Sympetrum fonscolombii, Sympetrum fonscolombi, Tarnetrum fonscolombei, Tarnetrum fonscolombii, Sympetrum insignis (Brittinger, 1850) [A vérifier !]

Sympétrum de Fonscolombe, Libellule de Fonscolombe [de Selys Longchamps 1840b], Sympétrum à nervures rouges - anglais : Red-veined Darter, Nomad - allemand : Frühe Heidelibelle - danois : Rødåret hedelibel - hollandais : Zwervende heidelibel - italien : Cardinale venerosse - polonais : Szablak wędrowny - suédois : Kulkusyyskorento - ukrainien : Тонкочеревець Фонсколомба

LC 2013 UICN - LC 2010 Europe

Commentaires
De Selys Longchamps (1840b) précise que la Libellula vulgata de Vander Linden (1825) correspond à cette espèce. Cet auteur propose encore Libellula veronensis de Stephens, dans sa synonymie, néanmoins, à ma connaissance [2020], Stephens n'a pas utilisé ce nom dans ses publications.
Cette espèce a été décrite sous Libellula flaveola par Boyer de Fonscolombe en 1837 et de Selys Longchamps en 1840 (de Selys Longchamps 1840a) souligne la confusion, sans reprendre une nouvelle description il considère que le nom de Libellula fonscolombii doit s'appliquer. Il s'agit en quelque sorte d'un nouveau nom de remplacement (nomen novum), mais dans la mesure où il n'est pas très explicite, j'ai préféré y replacer l'auteur original de la description faite. La présentation du basionyme sous Libellulla fonscolombii de Selys Longchamps, 1840 (nomen novum) semble donc aussi acceptable (com. pers., 2023). L'orthographe plus correcte est proposée de longue date par certains auteurs, Sympetrum fonscolombei est adoptée ici. C'est une simple émendation (emend.).
Dommanget (1987) et Utzeri (1994) proposent le genre Tarnetrum pour cette espèce qui diffère des autres Sympetrum.
Le synonyme Libellula basalis Stephens, 1829 (nomen nudum) est rappelé par Stephens (1835). Il en est de même pour Sympetrum basalis Newman, 1833.

Éléments de description
L (abdomen) : 22-29 mm - L (ailes postérieures) : 26-30 mm.
Les mâles adultes sont rouges légèrement cireux et les femelles sont jaunes. Cette libellule a peu de marques noires sur l'abdomen (en terminaison). Les yeux sont clairement bicolores, bleutés en bas. Les nervures sont régulièrement colorées de rouge ou de jaune-orangé. Les ptérostigmas sont assez clairs, sauf chez les vieux individus, cadré de noir.
Il s'agit d'une des espèces européennes de Sympetrum présentant des pattes jaunes et noires. Toutefois les stries jaunes sur les pattes, qui sont particulièrement foncées, sont très fines. Sympetrum meridionale tend à les avoir presqu'entièrement jaune, et, simplement noires sur une face. Sympetrum striolatum ou Sympetrum vulgatum les ont franchement jaune et noire. Ces deux dernières espèces n'ont pas les ailes aux nervures colorées, ni la base des yeux contrastées par une zone franchement bleue à maturité. Des plus Sympetrum fonscolombei a de forte marques noires dorso-abdominales en S8 et S9. Notons par ailleurs que les ptérostigmas généralement clairs sont marqués en haut et en bas, selon la face la plus longue d'une ligne noire qui semble bien caractéristique. Enfin la confusion possible avec Sympetrum flaveolum qui a aussi les pattes jaunes et noire, reste grossière. En effet ce dernier a la base des ailes marquée de jaune, ce de façon étendue chez les femelles. Notons que la bordure du nez, le long des yeux, présente comme des larmes noires comme Sympetrum vulgatum ou Sympetrum depressiusculum par exemple. Le nez de cette espèce est rouge, mais éclairci sur les côtés.

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©© byncnd - Pescalune - Pescalune photos

Répartition
L'espèce se trouve en Italie ainsi qu'en Espagne et peut-être en Belgique (vulgata : Vander Linden 1825), Angleterre (basalis : Stephens 1829), où elle est occasionnelle (basalis : Newman 1833, Stephens 1835 ; Parr 2010). Elle est très commune en Provence (France) (flaveola : Boyer de Fonscolombe 1837), confirmée en Belgique, en Espagne et en France (de Selys Longchamps 1840b), elle est localement abondante en Algérie (de Selys Longchamps 1871), mais très fluctuante (Samraoui & Menaï 1999). On la voit de plus en Suisse (Monnerat 2001). En Angleterre c'est une espèce migratrice qui a longtemps été regardée comme erratique au niveau des côtes méridionales. Cette venue est connue de longue date puisqu'elle est signalée par Stephens (1829, 1835) ou Newman (1833), alors que ces deux auteurs nommaient ce taxon sous l'épithète de basalis. L'espèce devient régulière dans le sud-est du pays dès la fin des années 1980 ou début des années 1990. On note ensuite quelques incursions majeures comme en 1996, 1998, 2000, 2002 et tout particulièrement en 2006 et des cas de reproduction sont désormais régulièrement rapportés (Parr 2010). C'est une espèce migratrice en Irlande et on y a noté des affux importants certaines années comme en 1998 (com. pers., 2021). Le Danemark est aussi une destination occasionnelle (Clausnitzer 2013).
On la voit en Europe, depuis les îles méditerranéennes, la Péninsule ibérique et la Grèce, remontant de plus en plus régulièrement jusqu'en Europe centrale, notamment en Pologne, parfois les Pays Baltes, l'Ukraine et la Russie occidentale. Elle remonte en migration désormais jusqu'aux îles britanniques et a atteint récemment l'Irlande. Elle est en expansion ce qui se traduit par des venues septentrionales plus régulières, des développements larvaires saisonniers à de plus fortes latitudes et des développement hivernaux des larves de plus en plus régulièrement et plus au nord. Les populations tendent aussi à augmenter et les observations d'individus en déplacement aussi, notamment en altitude, par exemple sur les cols.
Connue dans le Paléarctique Ouest [2006].
En définitive l'aire de répartition de cette libellule est très étendue puisqu'on en voit jusqu'à l'est de l'Asie comme à Taïwan (photo, 2020). En Asie centrale, Borisov & al. (2020) démontrent une migration significative avec une amplitude estimée à près de 4000 km. L'espèce est aussi connue sur l'essentiel de l'Afrique depuis le Nord jusqu'en Afrique du Sud, mais elle est souvent mal étudiée ou confondue dans ces pays, alors à confirmer comme l'indique Clausinitzer (2013) : incertaine au Bénin, Burkina Fasso, Côte d'Ivoire, Djibouti, Ghana, Guinée Bissau, Libéria, Malawi, Nigéria, Sierra Leone, Sud Soudant, Tanzanie, Togo). République Centrafricaine. On la trouve aussi dans les îles de l'Océan Indien. C'est donc une espèce de l'ancien monde Afrique, Europe, Asie et elle n'évite que les secteurs septentrionaux de cette aire très vaste ainsi que l'Asie du Sud-Est.
Non menacée en France (LC 2016) et dans aucune région de ce pays, elle est classée En Danger (EN) à La Réunion.
A synthétiser et compléter…

Habitats
Par ses mœurs migrateurs, l'espèce tend à s'observer un peu partout, y compris de passage en altitude sur les cols. Les larves se developpent dans des eaux stagnantes permanentes ou temporaires, peu profondes et ensoleillées, les lacs de barrages, les réservoirs, les étangs artificiels, les rizières lui conviennent tout autant que des habitats naturels. Les oueds permanents ou temporaires sont aussi fréquentés, ainsi que quelques rivières lentes (Clausnitzer 2013 et compléments). Elle tolère des eaux saumâtres.
En Algérie, l'espèce occupe facilement les nouveaux habitats (Samraoi & Menaï 1999), se comportant ainsi en espèce pionnière [2021].

Phénologie
Stephens (1835), l'indiquait déjà en juin et juillet en Angleterre. Elle vole de mars à novembre en Algérie et elle est bivoltine dans la région de la Numidie. On distingue alors deux périodes de reproduction, la première en avril et la seconde entre fin août et début octobre (Samraoï & Menaï 1999, Samraoui & Corbet 2000). En Suisse on soulignera avec Monnerat (2001), le record tardif du 28 octobre 2001. Il s'agit d'une des rares espèces de la zone Paléarctique qui présente une génération précoce au printemps. La période de vol va depuis mars à novembre dans le sud de l'Europe, avec jusqu'à trois générations et de mai à octobre dans le nord, en visite ou avec une seule génération estivale.

Miscellanées biologiques
En montagne Luglia & Luglia (2004) ont observé la capture de cette espèce par un Hémiptère aquatique, Gerris costae, dans un lac alpin de Isère (France).

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©© bync - Ihenglan - Taïwan le 4 novembre 2020 - femelle immature - iNaturalist

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©© byncnd - Alain Cochet

Références
Borisov S.N. & al. 2020 - Isotope evidence for latitudinal migrations of the dragonfly Sympetrum fonscolombii (Odonata : Libellulidae) in Middle Asia. - Ecological, 23 août 2020.
Boyer de Fonscolombe M. 1837 - Monographie des Libellulines des environs d'Aix. - Ann. de la Soc. Entomol. de France, 6 : 129-150 + pl. - [oln]
Buchecker H. 1876 - Systema Entomologiae. Pars 1. Odonata (Fabric.) europ. - Munchen. - [pdf]
Clausnitzer V. 2013 - Sympetrum fonscolombii. The IUCN Red List of Threatened Species. - [oln]
de Selys Longchamps E. 1837 - Catalogue des Lépidoptères ou Papillons de la Belgique, précédé du tableau des Libellulines de ce pays. - Desoer, Liège : 1-29.
de Selys Longchamps E. 1840a - Enumération des Libellulidées de Belgique. - Bull. Ac. r. Bruxelles, Sér. 1 (7) : 31-43.
de Selys Longchamps E. 1840b - Monographie des Libellulidées d'Europe. - Roret, Paris ; Muquardt, Bruxelles. - [oln]
de Selys Longchamps E. 1871 - Nouvelle révision des Odonates de l'Algérie. - Annales de la Société Entomologique de Belgique, 14: 9-20. - [oln]
Dommanget J.L. 1987 - Etude faunistique et bibliographique des Odonates de France. - MNHN, Inv. de Faune et de Flore, fasc. 36. - [oln]
Khelifa R. & al. 2011 - L’odonatofaune (Insecta : Odonata) du bassin de la Seybouse en Algérie : intérêt pour la Biodiversité du Magrheb. - Rev. Ecol. (Terre Vie), 66.
Luglia M. & Luglia T. 2004 - Sympetrum fonscolombii (Selys, 1840) victime de Gerris costae Herrich-Schäeffer, 1853 dans un lac alpin (Odonata, Libellulidae - Hemiptera, Gerridae). - Martinia, 20 (3) : 141-144. - [recte Chamrousse, Isère, France]
Monnerat C. 2001 - Prolongement de la période de vol de certains Odonates en octobre 2001. - Bull. Romand d'Entomol., 19 : 95-106.
Newman E. 1833 - Entomological notes. Neuroptera, Libellulites, Sympetrum. - Entomological Magazine, 1 : 416, 511-514.
Parr A. 2010 - Monitoring of Odonata in Britain and possible insights into climate change. - Biodiversity and Ecosystem Risk Assessment, 5.
Samraoui B. & Menaï R. 1999 - A contribution to the study of Algerian Odonata. - International Journal of Odonatology, 2 (2) : 145–165. - [oln]
Samraoui B. & Corbet P. 2000 - The Odonata of Numidia, northeastern Algeria. Part II. Seasonal ecology. - International Journal of Odonatology, 3 (1) : 27-39.
Stephens J.F. 1829 - A systematic catalogue of British Insects. - London. - [oln]
Stephens F.J. 1835 - Illustrations of British Entomology. - London. - [oln]
Utzeri C. 1994 - Odonati. In Checklist delle specie della fauna d'Italia, Fasc. 35.
Vander Linden P.L. 1825 - Monographiae Libellulinarum Europaearum Specimen. - Frank, Bruxellis : 42 pp. - [oln]
Références à préciser : Gardner 1959, Schneider 1845

Synchronisation : Odonates du Monde (non) - Odonates en France (non)