Sympetrum pedemontanum (Müller in Allioni, 1766)
Allioni C. 1766 - Manipulus insectorum Taurinensium. - Melanges phylosophie mathematique Societe royale Turin, 3 (7) : 185-198. - [pdf]
Libellula pedemontana Müller in Allioni, 1766
Libellula rubra Fuessly, 1775 (nec Müller, 1764)
Libellula harpedone Sulzer, 1776
Libellula paedemontana Frabricius, 1781 (emend.) [non confirmée]
Libellula sibirica Gmelin, 1788
Taxonymes supplémentaires : Sympetrum intermedium (Belyshev, 1955) [A vérifier et préciser !], Sympetrum kurentzovi (Belyshev, 1956) [A vérifier et préciser !], Sympetrum pedemontanum elatum (de Selys Longchamps, 1872) [A vérifier et préciser !] - Analyser notamment Popova (2004).
Piémontoise [de Villers 1789], Piémontaise [Giorna 1791], Libellule piémontoise [Olivier 1792], Sympétrum piémontais, Sympétrum du Piémont
anglais : Banded Darter - allemand : Gebänderte Heidelibelle - hollandais : Bandheidelibel - italien : Cardinale alifasciate - polonais : Szablak górski - suédois : Vyösyyskorento, Bandad ängstrollslända - ukrainien : Тонкочеревець перев'язаний, Бабка перев’язана
LC 2014 UICN - LC 2010 Europe
Commentaires
Cette espèce a été décrite par Johann Heinrich Sulzer (1735–1813), un physicien et entomologue suisse, sous le nom de Libellula pedemontana (illustration originale ci-contre).
Des éléments essentiels de la taxonomie de cette espèce ont échappé à la World Odonata List et je dois les analyser (voir plus haut et examiner Popova 2004). Par ailleurs, l'appartenance de cette espèce au genre Sympetrum est à vérifier. Elle apparaît en situation incertaine et pourrait être considérée comme inc. sedis. A suivre…
Le synonyme Libellula rubra est précisé par de Selys Longchamps (1840), celui deLibellula harpedone par Fabricius (1781), Olivier (1792), de Charpentier (1825) et de Selys Longchamps (1840), Libellula sibirica par de Selys Longchamps (1840).
Éléments de description
De larges bandes brune proches des ptérostigmas traversant les ailes permettent de distinguer, dans le cas des deux sexes, cette espèce de tous les autres Sympetrum. D'autres espèces du genre présentent toutefois des colorations alaires, mais placée différemment comme par exemple Sympetrum infuscatum. Ce type de confusion reste toutefois grossier. Les pattes sont noires et les ptérostigmas blancs chez les immatures, sont rouges à rosés vif chez les mâles matures, blanchâtre à rose pâles chez les femelles du même âge.
©© bysa - L.B.Tettenborn - Allemagne - mâle de la sous-espèce type - WIkimedia commons
Sous-espèces
• Sympetrum pedemontanum pedemontanum (Müller in Allioni, 1766) - Europe et Russie occidentale, voire centrale (p.p.).
• Sympetrum pedemontanum elatum (de Selys Longchamps, 1872) - Japon.
• Sympetrum intermedium (Belyshev, 1955)
• Sympetrum pedemontanum kurentzovi (Belyshev, 1956) - Sibérie (Russie).
La sous-espèce elatum présente des bandeaux alaires plus larges et un abdomen plus court et a priori non ou moins clavé (rectiligne) que le type (photos plus bas).
©© bysa - Yaca2671 - Japon - mâle de la sous-espèce elatum - Wikimedia commons
Répartition
Cette libellule est illustrée précocément par Hoefnagel (1575), France. Elle est décrite d'Italie (Allioni 1766, 1779 où elle est ensuite rappelée par divers auteurs [1]). Indiquée en Suisse (rubra : Fuessly 1775 ; harpedone : Sulzer 1776 ; Roemer 1789, de Charpentier 1825 ; paedemontana : de Selys Longchamps, 1840), Russie (Sibérie : sibirica : Gmelin 1788, Olivier 1792, Turton 1802, paedemontana : de Selys Longchamps 1840 ; Eversman 1836), confirmée en France (sud : de Villers 1789). On la cite par ailleurs de Pologne (Silésie : de Charpentier 1825 ; paedemontana : de Selys Longchamps 1840), Burmeister (1839) généralise sa répartition à l'Europe méridionale, découverte en 1839 en Belgique par Putzeys (paedemontana : de Selys Longchamps 1840) et précisée en Arménie par Guérin-Menneville (paedemontana : de Selys Longchamps 1840). Au moins une mention en Angleterre, en 1995 (Parr 2010).
Bien que parfois abondante dans certaines localités méridionales, l'espèce n'est pas connue ni dans les îles méditerranéennes, ni dans le sud des Balkans où elle manque en Grèce (disparition) et en Albanie. Elle est présente depuis la Péninsule ibérique (très rare) au Danemark (occasionnelle) et aux Pays Baltes, ainsi que jusqu'en Russie occidentale qu'elle dépasse vers l'est jusqu'au Japon selon des sous-espèces particulières (voir plus haut), occupant alors la zone relativement tempérée et non aride du cœur de l'Asie, ainsi que le secteur du Caucase. Sa répartition évite ainsi soigneusement l'Asie centrale steppique ou désertique qu'elle contourne par le nord selon une fine bande de quelques centaines de kilomètres traversant l'Asie jusqu'en Corée et au Japon. Les principales populations se trouvent en Europe centrale et l'espèce devient sporadique dans la partie occidentale du continent (Belgique, France notamment) [2019]. En Italie, on trouve cette libellule, essentiellement dans le Val d'Aoste, le Piémont et la Ligurie, ainsi que plus accessoirement dans d'autres régions, mais toutes les mentions sont situées dans le Bassin du Pô ou le Nord du pays. L'espèce est en déclin régulier et dans certains secteurs, elle n'a pas été observée depuis les années 1930 [2021] Elle a été signalée occasionnellement en Grande Bretagne et au Danemark et elle semble avoir disparu de Grèce [2019].
Habitats
Marécages du Piémont : "Habitat in agro Pedemontano" (Fabricius 1781), cette espèce fréquente les montagnes selon de Selys Longchamps (1840).
Les larves se développent dans des marais, des tourbières ainsi que dans des eaux stagnantes plus profondes avec de la végétation. On les trouve aussi dans des cours d'eau lents, riches en végétation comme quelques ruisseaux ou canaux d'irrigation. Plus nombreuse dans les secteurs vallonnés qu'en plaine le plus souvent, néanmoins de fortes populations sont connues localement dans des vallée alluviales comme à Pierrelatte (Drôme, France). Les habitats sont généralement des rives à fort marnage et exondation hivernale, inondation estivale, ainsi que des milieux temporaires au fonctionnement similaire du points de vue saisonnier [2021].
En Europe occidentale, elle occupe fréquemment des habitats de substitution dont la végétation est de hauteur modérée et pas trop envahissante, artificiels, comme les fossés en eau en période estivale, mais exondés en hiver au sein de prairies de fauches, voire de cultures, les rizières comme dans le nord de l'Italie, mais aussi quelques prairies inondables ou des marais semi-permanents. Des bordures de lacs de barrages avec un certain marnage et un niveau optimum en été lui conviennent aussi et on peut y observer parfois des populations importantes. En définitive, les habitats varient beaucoup selon les régions. Par exemple des marais suintants de pente semblent être un habitat originel. J'ai noté régulièrement que le régime hydraulique inversé selon les saisons habituelles est favorable au maintien de l'espèce : basses eaux en hiver et hautes eaux en été. Ainsi dans la vallée de la Durance en France, le régime nivo-glaciaire de la rivière avec fonte estivale des eaux conduit à un tel fonctionnement du niveau de la nappe. Il en est de même sur les canaux de la plaine de Pierrelatte dans la Drôme (France) qui sont mis en eau afin d'alimenter les cultures en période estivale. Les barrages des Gorges de la Loire (Loire) ou à St André des Alpes (Alpes-de-Haute-Provence) présentent aussi un étiage hivernal [2022].
Phénologie
Août et septembre en Belgique (de Selys Longchamps 1840). Tardive en Suisse le 27 octobre 2001, record (Monnerat 2001). Vole de fin juin à mi octobre en Italie, avec un optimum entre août et début septembre [2021].
La période d'obsevation des imagos se situe donc entre fin juin et fin octobre selon les latitudes [2022].
État de conservation
Cette espèce n'apparaît pas menacée globalement, mais elle apparaît localement rare. Elle ne montre pas de signes particuliers de déclin. Les actions de gestion et de maintien des populations doivent être maintenues pour conserver les populations établies dans des habitats artificialisés, notamment rendus favorables par le cycle des activités agricoles (Kalkman 2014 ; C.Deliry, com. pers., 2023).
Illustrations
©© bysa - Alpsdake - Japon le 4 août 2012 - jeune mâle de la sous-espèce elatum - Wikimedia commons
©© bysa - Quartl - Allemagne, vers Hambourg le 2 juillet 2009 - très jeune femelle, après l'émergence - Wikimedia commons
Références
Allioni C. 1766 - Manipulus insectorum Taurinensium. - Melanges phylosophie mathematique Societe royale Turin, 3 (7) : 185-198. - [pdf]
Blanchard C.E. 1840 - Histoire naturelle des insectes : Orthoptères, Névroptères, Hémiptères, Hyménoptères, Lépidoptères et Diptères. - Duméril, Paris : 672 pp. - [oln]
Burmeister H. 1839 - Handbuch der Entomologie. - Enslin, Berlin [Libellulina : 805-862]. - [oln]
de Charpentier T. 1825 - De Libellulinis europaeis. - In : Horae entomologicae. - Wratislaviae. - [oln]
de Villers C. 1789 - Caroli Linnaei Entomologia. - Lugdunum. - [oln]
Eversmann E.F. 1836 - Libellulinae, Wolgam fluvium inter et montes Uralenses observatae. - Libellululinarum species novae quas inter Wolgam fluvium et montes Uralenses obsevavit. - Bull. de la Soc. imp. des Naturalistes de Moscou, 8. - [oln]
Fabricius J.C. 1781 - Species insectorum. - Bohnii, Hamburgi et Kilonii, Tome 1 : 552 pp. - [oln]
Fabricius J.C. 1793 - Entomologia systematica emendata et aucta. Tom. II. - Hafniae. - [oln]
Fuessly J.G. 1775 - Verzeichnis der ihm bekannten Schweizerischen Inseckten. - Steiner, Wintherthur, Zürich. - [oln]
Giorna S. 1791 - Calendario entomologico ossia osservazioni sulle stagioni proprie agl'insetti nel clima piemontese, e particolarmente ne' contorni di Torino. - Torino. - [oln]
Gmelin J.F. 1788 - Systema naturae. Tome I, partie V. 13ème édition. - Lipsiae. - [oln]
Hoefnagel J. 1575 - Animalia Rationalia et Insecta (Ignis). - Planches.
Kalkman V.J. 2014 - Sympetrum pedemontanum. The IUCN Red List of Threatened Species. - [oln]
Lockwood M. 2007 - Rediscovery of Sympetrum pedemontanum (Müller in Allioni) and S. vulgatum (L.) in Catalonia, NE Spain (Anisoptera : Libellulidae). - Notul. odonatol., 6 (10) : 115-118.
Monnerat C. 2001 - Prolongement de la période de vol de certains Odonates en octobre 2001. - Bull. Romand d'Entomol., 19 : 95-106.
Olivier M. 1792 - Encyclopédie méthodique, dictionnaire des Insectes. Tome septième, partie 2. - Paris, Panckoucke. - [oln]
Parr A. 2010 - Monitoring of Odonata in Britain and possible insights into climate change. - Biodiversity and Ecosystem Risk Assessment, 5.
Pollini C. 1816 - Viaggio al Lago di Garda e al Monte Baldo. - Verona.
Popova O.N. 2004 - Infraspecific taxonomy of Sympetrum pedemontanum (Müller, 1766) (Anisoptera : Libellulidae). - Odonatologica, 32 (2) : 207-206. - [pdf]
Roemer J.J. 1789 - Genera insectorum Linnaei et Fabricii iconibus illustrata. - Vitoduri Helvetorum.
Sulzer J.H. 1776 - Abgekurzle Geschichte der Insecten nach dem Linnaeischen System. - Winterthur : H. Steiner.
Turton W. 1802 - A general System of Nature through the Three grand Kingdoms. Volume III. - London. - [oln]
Vander Linden P.L. 1825 - Monographiae Libellulinarum Europaearum Specimen. - Frank, Bruxellis : 42 pp. - [oln]
• Références à préciser : Belyshev 1955, 1956, de Selys Longchamps 1872.
Notes
[1] - Italie : Allioni 1766, 1779 ; paedemontana : Fabricius 1781, 1793 ; Gmelin 1788, de Villers 1789, Pollini 1816, Roemer 1789, Giorna 1791, Olivier 1792, Turton 1802, de Charpentier 1825, Vander Linden 1825, Blanchard 1840 ; paedemontana : de Selys Longchamps 1840.
Synchronisation : Odonates du Monde (non) - Odonates en France (non)
